Dans un monde où tout va vite et où l’on remplace plus facilement qu’on ne répare, certaines professions ancestrales continuent pourtant de faire la preuve de leur valeur.
Le métier de rémouleur-affûteur en est un exemple vivant : héritier d’un savoir-faire séculaire, il redonne vie aux lames du quotidien, prolonge la durée de nos outils et perpétue un artisanat de précision. Aujourd’hui encore, ces artisans itinérants ou installés en atelier allient tradition et techniques modernes pour offrir un tranchant parfait, indispensable aux particuliers comme aux professionnels. Redécouvrir leur travail, c’est reconnaître l’importance d’un geste expert et d’une pratique durable, au cœur de nos usages les plus simples comme les plus exigeants. Nous avions ainsi rencontré Thomas Defontaine alias Hadok, ancien mécanicien chez Renault, qui avait opéré un virage professionnel en se formant au métier de rémouleur-affûteur * sillonnant les marchés des Hauts-de-France à bord de son camion-atelier itinérant pour redonner une seconde vie aux lames fatiguées.

« Qu’est-ce qui fait un bon couteau ? Un bon acier et un bon manche, c’est aussi simple que ça » résume celui que l’on surnomme familièrement Hadok, parce qu’il est le capitaine « fort en gueule » de son équipe de foot. A le voir tellement à l’aise devant la meule de son camion, transformé en atelier mobile, sur le marché d’Arras, difficile d’imaginer que ce grand gaillard tatoué était encore, il y a un peu plus de quatre ans, mécanicien de maintenance dans une usine automobile à Nœux-Les-Mines. Thomas Defontaine a changé totalement de vie à la suite d’un reportage télé consacré à un artisan rémouleur. Une révélation. « J’ai su immédiatement que cela me conviendrait ! » Après s’être renseigné auprès de CMA Formation et Entreprises Béthune, sur la formation la plus adaptée, Thomas obtient une rupture conventionnelle auprès de son employeur et décide de partir en septembre 2021 apprendre le métier dans la seule école d’affûtage et de rémoulage d’Europe : FCTV, située à Beaumarchés à proximité de Plaisance du Gers.
Sollicité par la CMA HDF pour le label Répar’acteurs

Sa formation terminée et son diplôme en poche, Thomas a élaboré son projet avec l’aide de ses proches. Il s’est mis ensuite mis à sillonner les routes des Hauts-de-France, choisissant en priorité les marchés de la région. Le succès est au rendez-vous, les rencontres se multiplient avec les clients qui désormais privilégient la conservation de leurs outils et instruments, séduits par la dimension économique et éco responsable. Thomas a d’ailleurs été sollicité par la CMA HDF dans le cadre du label Répar’acteurs qui permet aux artisans de se positionner en tant qu’acteurs du développement durable et de l’économie circulaire pour en finir avec le réflexe du « tout jeter ». Les besoins sont réels également auprès des professionnels (bouchers, restaurateurs…) qui ont un besoin régulier d’affutage de leurs outils de coupe.
Si en cette fin d’année 2025, Hadok se fait plus rare sur les routes, c’est qu’il nourrit désormais d’autres projets. Mais il conserve dans le cœur, ce goût pour un savoir patient qui fait la noblesse du métier, redonner vie à une lame et laisser derrière lui un éclat de précision que rien ne remplace. Le métier de rémouleur-affûteur raconte avant tout l’histoire d’une passion, celle qui s’exerce entre la pierre et le fil, entre la patience et la précision. Car un couteau, avant de redevenir tranchant, exige qu’on l’écoute. Et ceux qui ont su, un jour, apprivoiser ce murmure, savent qu’il ne les quitte jamais tout à fait.
*Article paru en Novembre 2023 dans le magazine Coup de Main n°19
Crédit photos DR CMA HDF