« Les instruments de musique ont beaucoup à raconter »

Quel est votre parcours ?

Je suis guitariste à l’origine, c’est la découverte du violoncelle, qui a été déterminant dans le choix de mon activité de luthier à cordes du quatuor (cordes frottées). J’ai préparé mon diplôme des métiers d’art à Mirecourt dans les Vosges, de 2009 à 2012. Ensuite, j’ai travaillé dans différents ateliers à Montréal, à Reykjavik puis en France à Lille. J’ai suivi un accompagnement pour la formation d’entreprise à la CMA d’Hazebrouck et suite à ma rencontre avec Paul Legrand qui avait repris l’atelier créé en 1995 par Patrice Druelle, j’ai rejoint l’atelier Les Artisans de la Musique à Calais en 2020 – qui regroupe La trompe d’Eustache, Opale Musique, Accords et Quatuor et Polska Basowa.

En quoi consiste précisément votre travail de luthier quatuor ?

Je restaure les violons, altos, violoncelles contrebasses, j’entretiens, je répare les instruments qui ont reçu notamment des chocs qu’on appelle aussi fractures …Les normes ont très peu changé depuis des siècles pour réparer ces instruments, dont certains sont de vrais joyaux.
 Je m’occupe également de l’entretien des archets, parallèlement je vends et loue des instruments et leurs accessoires.
Au sein de l’atelier, nous sommes donc quatre artisans spécialisés dans la restauration, l’entretien et la réparation d’instruments de musique. Moi, des cordes frottées (violons/altos/violoncelles), Benoit, des cordes pincées (guitare classiques, folks, électriques, basses, ukulélés), Paul, des instruments à vent (cuivres & bois), et François, des systèmes d’amplification. Nous travaillons tous les quatre notamment avec les conservatoires de Calais, Boulogne-Mer, Dunkerque, Saint Omer et certains professeurs, mais aussi des particuliers. Nous intervenons également dans les écoles.

Qu’aimez-vous le plus dans votre travail d’artisan d’art ?

J’aime justement réparer ce qu’on appelle les fractures. C’est un travail de patience, de gestes précis … Le réglage de sonorité aussi me plait beaucoup. Mon travail est fait d’échanges avec la personne à laquelle est destiné l’instrument et je me nourris de cela aussi. C’est une source de rencontres, d’émotions, de belles histoires, tel ce violon de 1792 que j’ai restauré ou encore cette contrebasse américaine arrivée en France pendant la dernière guerre mondiale…
Les instruments de musique ont beaucoup à raconter.